Dans l’histoire, chaque grand événement qui aura marqué le monde a été suivi d’une transformation. La Première Guerre mondiale aura été suivie des années folles avec l’explosion de la culture, du divertissement et de la consommation. La Deuxième Guerre mondiale aura marqué le début de la mondialisation, de la surconsommation et l’arrivée des femmes sur le marché du travail. La pandémie est, elle aussi, un événement historique qui provoquera une révolution dans le monde du travail.
Les grands impacts de la pandémie dans le monde du travail
Fermeture des entreprises et des écoles, télétravail obligatoire à mettre en place en catimini, confinement… en quelques instants le monde est tombé en pause. Alors qu’au début de la crise on attendait tous un retour à la vie « normale », on se rend bien compte aujourd’hui que les choses ne seront plus vraiment comme avant.
Voyons voir quels sont les grands impacts de la pandémie dans le monde du travail.
1. La quête du sens
Pour bien des gens, la pause obligatoire durant le confinement fut l’élément déclencheur d’une grande introspection et d’une remise en question. L’heure est au bilan. Nous avons eu le temps de réfléchir à ce qui compte vraiment pour nous. Nous remettons en question nos habitudes, notre routine, nos valeurs, et ce, tant dans notre vie personnelle que professionnelle. Cette réflexion enclenche alors un nouveau phénomène mondial : la quête de sens.
De retour au travail après le confinement, bien des gens ont souhaité revoir leurs conditions, quitte à démissionner de leur emploi. Pendant le confinement, plusieurs ont eu l’occasion de se mettre à la recherche d’un nouvel emploi, voire de changer carrément de carrière. D’autres ont simplement décidé de partir plus tôt à la retraite. En bref, cela aura eu un impact, toutes générations confondues. Les États-Unis ont connu une vague de démission sans précédent, qui porte le nom de grande démission. Ailleurs dans le monde y compris au Québec on constate aussi une augmentation marquée des démissions en plus d’une importante pénurie de main-d’œuvre.
En 2018, la firme américaine BetterUp publiait un sondage révélant que 9 personnes sur 10 étaient prêtes à gagner moins d’argent pour accomplir un travail qui avait un sens pour eux. C’est dont une tendance qui s’observait avant la pandémie, mais cette dernière a agi comme un catalyseur pour opérer le changement. En résumé, qu’est-ce que les travailleurs veulent? Trouver un sentiment d’accomplissement personnel dans leurs fonctions et vivre une expérience en milieu de travail, et ce, bien avant d’avoir un gros salaire et une stabilité d’emploi. Avant, la fonction de travail était considérée comme un accomplissement social, ce n’est plus le cas aujourd’hui, on considère la fonction de travail comme une façon de s’accomplir de façon personnelle, une opportunité de croissance qui nous permet de nous réaliser.
2. Le télétravail, un couteau à double tranchant?
On parle souvent du télétravail comme d’un mode de vie flexible laissant plus de place à la conciliation travail-famille. Bien que ce mode de vie procure de nombreux avantages, il peut être plus difficile de tracer une ligne entre la vie personnelle et professionnelle lorsque le bureau et la vie familiale cohabitent sous le même toit. Nous sommes connectés en permanence, on répond à nos courriels et au téléphone à toute heure, y compris le soir, le weekend, parfois même pendant les vacances.
En étant à la maison, on voit toutes les autres tâches à faire comme la lessive ou le ménage. Plusieurs experts RH sonnent l’alarme et affirment déjà que les grandes perdantes de ce virage seront les femmes qui peinent déjà à concilier la charge mentale de leur rôle de mère et de professionnelle.
Afin de prévenir une surcharge en télétravail, les gestionnaires devront demeurer alertes et être davantage à l’écoute des travailleurs. En télétravail, on n’a pas toujours la chance d’échanger et de voir les gens tous les jours comme au bureau, il est donc encore plus important de mettre en place des processus pour assurer une communication et une rétroaction continue pour veiller au bien-être de chaque personne.
3. L’exode des grands centres
Voilà un autre phénomène lié à la pandémie, bien des gens ont quitté la ville pour s’établir en banlieue ou à la campagne, et ce, même en étant loin du lieu de travail. Avec l’avènement du télétravail, la géolocalisation n’a plus la même importance puisqu’on peut travailler à partir de n’importe où. Aussi, plusieurs ont souhaité avoir un plus grand espace en travaillant de la maison. Montréal a connu des pertes de 35 900 personnes en 2019 et 2020. Il s’agit de son plus lourd déficit depuis que les données sont disponibles, en 2001. C’est l’augmentation accrue des citadins qui s’installent en région qui aura causé la surenchère immobilière. On veut donc plus d’espace, de liberté, de flexibilité, sans tenir compte des frontières géographiques. Un désir encore plus marqué pour la génération Z qui souhaite voyager tout en travaillant.
La grande démission ou la grande prise de conscience?
On parle beaucoup de la grande démission, mais nous, on préfère le voir comme la grande prise de conscience. Nous sommes convaincus que cette période de grands changements entraînera des répercussions positives à long terme. Les employeurs, les gestionnaires, les ressources humaines doivent changer leur façon de voir les choses, se réorganiser, se recentrer sur l’humain, mettre en place une culture d’entreprise forte et rassembleuse qui favorise à la fois la croissance personnelle et professionnelle.
Les gestionnaires qui sauront offrir un soutien et se placer derrière leurs équipes plutôt que s’imposer comme une figure d’autorité devant leurs employés, qui auront compris la valeur de l’humain et qui sauront favoriser une expérience de travail enrichissante seront les grands gagnants de cette transformation en cours. Ainsi, cette prise de conscience collective et cette réorganisation du monde du travail ne peuvent qu’avoir que du bon pour nos travailleurs et les générations à venir. Du moins, c’est notre souhait, et vous?
Pape Wade M.Sc.
Cofondateur et CEO
pape.wade@airudi.com
Amanda Arciero, M.Sc., CRHA
Vice-présidente aux Opérations
amanda.arciero@airudi.com